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Les 4 saisons
Non, non, c'est pas encore Noël, et même l'automne je ne suis pas sûre... j'hésite plutôt entre le printemps et l'été.
Tout ce que je sais c'est que le soleil était radieux, le ciel d'un azur parfait et que les petits escargots étaient bien joyeux dans le champ de moutarde.
Sinon, hier je suis allée m'émerveiller au coeur du Pavillon Noir...
Le Pavillon Noir est un vaisseau de création dont le capitaine est le chorégraphe Angelin Preljocaj.
L'inauguration a eut lieu le week end dernier et le bouquet final, qui s'est déroulé devant le bâtiment, était "Fire Sketch", un pièce pour 19 danseurs et jeux d'artifices. (chorégraphie: Angelin Preljocaj assisté d'Emilio Calcagno, Musique: Laurent Garnier assisté de Benjamin Rippert, Pyrotechnie : Pierre-Alain Hubert assisté de Daniel St Léger, Danseurs : D.A.N.C.E.) Il y a avait tellement de monde que je n'ai pas réussi à tout voir, mais j'ai tout de même bien apprécié le spectacle et l'ambiance festive qui en découlait.
Par contre hier, dans une ambiance beaucoup plus feutrée, je me suis retrouvée dans le ventre du Pavillon Noir. J'ai eut la chance d'aller voir "les 4 saisons" par le ballet Preljocaj, sur la musique de Vivaldi et avec une "Chaosgaphie" de Fabrice Hyber.
Sur une musique archi-connue, mais dont on redécouvre toute la sensualité, 12 danseurs : 6 hommes, et 6 femmes, se cherchent, se découvrent, se confrontent, se côtoient, se croisent et se caressent au grès des saisons. Invention formidable, le plasticien Fabrice Hyber a apporté son grain de sel avec des POFs (Prototypes d'Objets en Fonctionnent) qui transcendent avec surprise la communion de ces corps en mouvement.
Une petite explication pour illustrer mes propos. Au plafond sont accrochés toute une gamme d'objets hétéroclites pouvant illustrer les saisons (une grappe de raisin géante, un nuage noir, un soleil en carton, un habit de père noël, un pot avec un petit arbre, une chaise, un gros collier de perles blanches, un sac rempli d'éponge de mer...) et tout ceci peut rentrer en mouvement suivant une rotation figurant sûrement les changements de saisons.
Au tout début (alors que les objets tournent) les danseurs entrent en scène, en silence, tel des moines habillés d'une lourde robe de bure. Au grès de leurs mouvements élégants, sensuels et lents, on peut s'apercevoir que la robe n'est en fait qu'une simple couverture cachant une possible nudité. Cette danse ne laisse découvrir astucieusement qu'une succession de différentes parties du corps des danseurs, sans que l'on ne soit donc certain de cette nudité. Et puis PAF !!! Simultanément, l'objet: "arbre dans un pot" est détaché du plafond et tombe sur la scène avec un grand "Paf" sonore, les puissants violons du Printemps de Vivaldi démarrent, et les danseurs jettent leurs couvertures en l'air, révélant donc cette nudité avérée, telle une naissance ! C'est l'éclosion de la vie, c'est beau, c'est le Printemps !
J'aurai du mal à expliquer d'autres scènes de la pièce, il faut vraiment le voir et le vivre pour en ressentir toute l'émotion qui s'en dégage. Je peux juste dire qu'on y croise une femme à la sensualité exacerbée grâce à une paire de talons aiguilles, un homme éponge très animal, des hommes verts fluos très rigolo (et là je persiste à penser qu'il y a dans cette chorégraphie une référence à Spiderman :p), deux femmes se disputant un homme au masque blanc, des joueurs à la corde à sauter, des femmes aux colliers de perles blanches...bref des personnages vivant, évoluant, vibrant au grès des 4 saisons...
Bande son : pendant l'élaboration de cette note j'ai écouté France Culture (ça m'arrive très rarement, je suis plutôt France inter moi). Mais là, il y avait une émission consacrée à Théodore Sturgeon, mon auteur préféré (que l'on qualifierai d'auteur SF, mais pour moi, c'est beaucoup plus...). Je n'y ai pas appris grand chose, mais ça fait plaisir d'entendre parler de lui ! (alala, qu'est ce que je l'aime!)
Edit : je retranscris ici mon petit topo sur Teddy que j'ai laissé en commentaire :
Théodore Sturgeon est un auteur entre la SF et le Fantastique, et on le qualifie quelquefois d'écrivain de l'étrange... Ce qui ressort de son oeuvre, plutôt que des intrigues alambiqués, ou des explorations d'univers fabuleux, ce sont des personnages très forts, des marginaux, des rejetés, des êtres qualifiés d'anormaux...Sturgeon n'a en fait écrit que 2 romans "Cristal qui songe" et "Les plus qu'humains". Dans le premier on suit l'histoire d'un petit garçon qui s'enfuie de chez lui et qui est recueilli dans un cirque (un peu à la Freaks) constitués de personnages attachants, mais dirigé par le bien mystérieux et cruel "Cannibale". Dans le second, des enfants rejetés de la société par leur nature "mutante" (une télékinésiste, des jumelles pouvant apparaître et disparaître à volonté, un bébé mongolien mais génial...) se retrouvent ensemble par la force des choses. Comment va se passer l'évolution de ce groupe ?
Cela paraît peut être un peu simpliste comme ça, mais je vous assure que c'est beaucoup plus profond. Je viens de lire un texte très intéressant de Gérard Klein (l'auteur de SF) sur http://www.quarante-deux.org/archives/klein/divers/sturgeon.html . Il ne doit pas être trop compréhensif pour ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre de Sturgeon, mais je vous conseille tout de même de lire le dernier paragraphe qui retranscris assez bien mon amour pour cet auteur.
Sinon, Sturgeon excelle dans les nouvelles, et il y a vraiment des petits bijoux dans le lot. Il existe des recueils, mais beaucoup sont introuvables, alors ce que je conseille c'est d'essayer un de ces deux romans.
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